Un grand chef se bat pour la dignité des faibles

Publié le par politiquement-direct

Si aujourd'hui nous n'avons plus de grands Hommes d'Etat, c'est parce que nous nous trouvons dans une situation qui empêche leur émergence. C'est la thèse qui sera défendue dans cet édito, en partant du postulat qu'un grand chef se bat pour la dignité des faibles.

Ce postulat se fonde sur l'intuition selon laquelle, en démocratie, le chef est désigné par le peuple pour le représenter et faire valoir ses intérêts auprès des puissants. Or, si nous observons une montée des populismes dans le monde et à plus forte raison en Occident, c'est bien parce que les dirigeants politiques ont échoué à faire valoir les intérêts des plus faibles dans un monde globalisé.

Cet échec provient d'un rapport de force entre le business et la démocratie devenu défavorable à cette dernière. En effet, la mise en concurrence entre les territoires, favorisée par la mondialisation telle que nous la connaissons, empêche les peuples d'avoir une réelle prise sur le fonctionnement des grandes entreprises. Puisque celles-ci ont la possibilité d'installer leurs activités sous les cieux fiscaux et réglementaires les plus propices à la réalisation de profit, le pouvoir de contrainte des peuples s’en trouve contourné.

Or, pour remédier à cette situation défavorable aux plus faibles, aux moins qualifiés, aux moins mobiles, aux moins flexibles, aux moins rentables, deux options diamétralement opposées existent.

La première est le protectionnisme nationaliste. Celui-ci consiste à faire comprendre au Capital que tout profit réalisé sur le territoire national se fera aux conditions dictées par la nation. Pour cela, la fermeture des frontières devient nécessaire pour contrôler les flux de capitaux et de biens. La sortie de tout accord commercial apparaît également comme nécessaire pour assurer à la nation le contrôle des barrières non-tarifaires. Enfin, la maîtrise de la monnaie et de la politique budgétaires permettent de réduire l’emprise du Capital sur la conduite des affaires du pays.

La deuxième option est celle du protectionnisme solidaire. Elle est d’inspiration internationaliste. Elle consiste à inviter les peuples, dont les intérêts convergent, à se doter de règles, de lois communes afin de mettre fin à la mise en concurrence des territoires. Les avantages de localisation qui sous-tendent les arbitrages du Capital deviennent ceux du niveau de capital humain, du niveau d’équipement d’un territoire, de la disponibilité des ressources, des frais logistiques, etc. L’arbitrage ne se fait donc plus sur les normes sociales et/ou fiscales et la dignité du faible s’en trouve respectée.

Il existe une troisième voie. Celle qui explique pourquoi les Hommes d’Etat n’existent plus. C’est celle qui consiste à demander aux démocraties de s’adapter à la mondialisation. Pour cela, il convient de mener des réformes libérales pour devenir le territoire le plus adapté aux exigences du Capital. C’est le sens des politiques qui sont menées depuis les années Reagan/Thatcher et qui, si elles ont permis dans un premier temps un épanouissement de la croissance mondiale, sont devenu le sous-bassement fragile d’un monde occidental de plus en plus hostile envers leurs gouvernants, qu’ils soient issus des partis conventionnels ou du monde des affaires

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