Guéant récidive

Publié le par Nassim Guessous

Enfin ! Enfin, les primaires socialistes sont finis ! Et comme après la pluie vient le beau temps, la fin de la tempête médiatique rose laisse place au bourgeonnement des idées populistes bleues. Pourtant, nous ne nous sommes pas ennuyés pendant les primaires. D’une part, réaliser qu’aucun candidat crédible n’a été capable de démonter rationnellement et fortement les propositions aberrantes de monsieur Montebourg fût l’occasion de se souvenir que la mondialisation profite à tous, mais que seule une minorité est capable d’en saisir les fruits et que, malheureusement, en France il est surtout évident que les dirigeants politiques de gauche sont incapables d’assumer cette réalité, et préfèrent taper sur l’étranger producteur à bas coût tout en se drapant de noir pour mieux se dresser en Ezéquiel annonciateur du châtiment fiscal, et déclarer sans trembler que la marche des industrieux est semée d’obstacles que sont les entreprises qui font sans fin surgir l’œuvre du Grand Capital apatride affameur de Français. D’autre part, réaliser que la seule réponse de la droite à ce sujet consiste à diagnostiquer l’absurdité de telles propositions sans avancer le moindre argument, fût l’occasion de se rappeler que pour certain la mondialisation n’est pas un phénomène mais un dogme, et bien malin sera celui ou celle qui pourra en expliquer les bienfaits en période de crise, sans s’embourber dans des considérations théoriques abscons, desquelles seule la rhétorique louvoyante permet de s’extraire.

 

Mais, réjouissons-nous car cette période est finie, et monsieur Guéant & Pals (en l’occurrence messieurs Jacques Martin et Jean Claude Gaudin) sont là pour égayer notre quotidien rendu bien terne par des diplômés étrangers trop désirés par nos entreprises, et par des pauvres si pauvres qu’on ne veut plus les voir. Reconnaissons tout de même que, pour une fois, monsieur Guéant ne propose pas une mesure fondé sur un amalgame entre immigration et sécurité. Dans une tentative pour se donner une image plus douce, plus respectable, il se tient désormais loin de tels raccourcis intellectuels et s’en remet aux bons vieux adages qui font la fierté de la culture populaire française. Seulement, l’homme est maladroit et parmi les milliers de rengaines que compte la langue de Molière, il choisit l’une des pires : les étrangers nous volent nos emplois. Et pas n’importe lesquels ! Ces arrivistes se ruent sur les postes les plus courus dans les métiers du conseil, de la finance, de l’ingénierie, etc. Nous sommes naïfs, nous aussi ! Nous formons à prix d’or des têtes pensantes sans penser que, si elles le méritent, elles risquent de prendre la place de nos chères têtes blondes. Et puis, ce n’est pas comme si il n’y avait pas de travail chez eux. La preuve, on y envoie nos cadres pour des rémunérations mirobolantes, et les gouvernements de ces pays là ne s’en émeuvent pas outre mesure, pratiquant par là même un pillage éhonté de nos ressources cérébrales. Franchement, de quoi ces diplômés même pas français se plaignent-ils !

 

Après la pauvreté du discours politique, passons à la pauvreté matérielle, celle qui pique les yeux a tel point qu’on ne voudrait plus la voir. Or, quel meilleur stratagème pour lutter contre un phénomène dérangeant que la technique dite « de l’autruche » ? C’est, effectivement, la stratégie employée par messieurs les maires Martin et Gaudin qui, bien que régnant à quelques 789 km l’un de l’autre, entretiennent une proximité idéologique troublante. Lorsque le premier décide de verbaliser tout individu poussant le vice de l’excentricité jusqu’à farfouiller dans les poubelles de sa belle cité, le second sanctionne courageusement tout original ayant eu l’idée farfelue de s’adonner à la mendicité. Diable… Quel sens de l’arrêté municipal ! Quel courage, à l’heure où les comptes des collectivités locales sont dans le rouge, que d’aller chercher l’argent là où il est, c'est-à-dire dans les poches des pauvres. Quel finesse politique, à l’heure où la précarité et le chômage frappent de plein fouet les plus fragilisés d’entre nous, que d’encourager nos concitoyens les plus TF1ïsés à assimiler les pauvres à la dégradation de leur propre train de vie. Notons, néanmoins, que pour une fois ce ne sont pas les immigrés qui sont directement visés par les mesures populistes de nos élus. Pas de quoi se réjouir pour autant car la France en est arrivé au point où le français stigmatisent les français, au lieu de leur parler comme l'aurait souhaité le Général… Nonobstant, rassurons-nous en rappelant que dans le lot figurent nombre de Roms…

 

En conclusion, posons-nous ensemble cette question : la France a du mal à se faire à la mondialisation et selon la droite les propositions de Montebourg sont absurdes ; or, il se trouve que le seul avantage pérenne de la France réside dans son capital humain. N’est-il pas alors plus absurde encore, de la part de mondialiste qui plus est, de vouloir exclure du marché du travail français des individus à fort capital humain formés par la République, dont l’investissement devrait servir en théorie à permettre à la nation Française de prospérer pour voir à terme disparaître mendicité et fouille de poubelles?D'une seule mesure encourager fuite des cerveaux et fuite de deniers publics, messieurs, où est la logique ?

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